Je m’appelle Jérôme Brual , je suis né en Bretagne en 1970. Je suis autiste depuis toujours mais diagnostiqué sur le tard il y a seulement quatre ans.
Je fais partie des nombreuses générations d’oubliės, tous ces êtres différents laissés de côté dans cette société absurde qui veut nous cataloguer dans des cases. Pour nous les autistes, il n’y avait pas de cases correspondantes à l’époque où je suis arrivé sur cette Terre d’abondance que l’humain a transformé en Terre de misère !
Soit tu es laissé pour compte, soit tu es condamné à l’errance inconsciente dans une camisole chimique. J’ai échappé par miracle à cette seconde option et j’ai tenté malgré tout de me faire une petite place dans cette parodie d’humanité complètement dénuée de bon sens et d’amour. Je m’y sentais comme un troubadour au milieu d’un champ de bataille.
J’ai la désagréable sensation d’être passé à côté de ma vie à force de vouloir me protéger de ce monde que je ne comprend pas et qui me rejette avec force.
J’ai quand même insisté et j’ai vraiment essayé avec toute ma bonne volonté de m’insérer socialement. J’ai fini par me casser les dents et j’ai enfin compris que cela n’avait de toute façon aucun sens. J’ai compris que ce n’était pas moi qui était malade mais plutôt le monde dans lequel nous devions évoluer.
À quoi bon !
Lorsque l’on vit dans une société profondément malade, mieux vaut rester en marge !
C’est en 2007, alors que je sombrais inéluctablement dans les profondeurs de mon désarroi, que j’ai trouvé à travers l’écriture une rédemption salvatrice.
Textes après textes , j’ai réussi à refaire surface et, ce qui à l’origine était une thérapie, est rapidement devenu un plaisir, une passion et a donné un nouveau sens à ma vie.
Alors que je lis très peu du fait de mes troubles de concentration et d’attention, je me suis surpris à prendre de plus en plus d’assurance dans l’écriture et cela a abouti à la publication de mon premier roman cette année.
Je raconte à travers ces pages comment Simon, jeune garçon autiste de dix ans, va faire triompher l’amour dans une aventure qu’il va vivre avec Charline, son amie de cœur.
J’avais vraiment envie de mettre en lumière notre “communauté” d’Êtres à part mais tellement riches si l’on se donne la peine de chercher et trouver l’axe de contact qui caractérise chacun d’entre nous.
Ce n’est pas du tout autobiographique mais Simon est un peu le jeune garçon autiste de nos jours que j’aurais aimé être dans les années quatre-vingt. Je n’ai pas eu la chance d’évoluer dans une famille très aimante et compréhensive et je me suis très vite retrouvé tout seul, seul avec ma conscience comme unique compagnon.
Je profite de cet espace de liberté pour sortir quelques-uns de mes textes du tiroir dans lequel ils sont condamnés à l’enfermement à perpétuité. Je vous présente ici une petite sélection qui vous permettra peut-être de découvrir mon univers.
Mon leitmotiv est simple et compliqué à la fois. J’aimerais rencontrer des personnes avec qui je pourrais échanger, voire collaborer sur des projets artistiques. Des musiciens qui pourraient modeler mes mots sur leurs notes de musique, des illustrateurs qui pourraient peut-être ” habiller ” mes textes de mille et une couleurs.
Si mon univers vous parle, n’hésitez pas à venir à ma rencontre !
L’ECOLE DE LA VIE
J’ai laissé mon âme d’écolier
Sur les bancs de l’école de la vie
C’est mon esprit que j’ai privé
C’est mon ego que j’ai nourri
J’aurai dû faire l’école buissonnière
Plutôt que d’apprendre à me taire
Apprendre à supporter la misère
Je n’aurai pas dû me laisser faire
J’ai séché les cours de ma jeunesse
C’est mon ignorance qui me rattrape
Je me suis construit sur mes faiblesses
J’ai continué à brûler les étapes
J’ai appris par cœur les leçons
Que l’on m’a demandé d’apprendre
Je me suis gavé d’instruction
Sans jamais cherché à comprendre
J’aurais tellement voulu pouvoir
Apprendre à être plutôt que de savoir
Sur les bancs de l’école de la vie m’asseoir
J’aurais tellement voulu pouvoir
JB 03/2015
TON UNIVERS
Dans la grisaille je me désagrège
Je me détruis dans l’engrenage
Je m’envisage sur le manège
J’évite le sortilège de l’âge
Je me fais mon film sur écran de lumière
Las des mensonges et des fausses prières
Je garde mes distances je reste en arrière
J’aspire alors à survoler ton univers
Je suis comme un acrobate sur un fil
D’un côté le vide de l’autre l’asile
Je suis l’étranger dans la ville
Je me dérobe je me défile
Je feins de me fondre dans la foule
Je me donne un rôle je déroule
Je m’électrise j’évite la foudre
Je me décide à me dissoudre
J’apprends à rester libre comme l’air
Je me raccroche à ce que j’espère
Je m’efforce de fuir les frontières
Je ne perds pas mes repères
JB
L’OMBRE ET LA LUMIERE
Un jour on se dit qu’on est tous frères
Le lendemain on se jette des pierres
C’est le jeu de l’ombre et de la lumière
Un jour c’est sombre un jour c’est clair
On peut se ressourcer dans la prière
Ou plonger dans la folie meurtrière
C’est le choix entre l’ombre et la lumière
D’un côté le paradis de l’autre l’enfer
Ce sont les lois de l’univers
Il y a l’ombre il y a la lumière
Entre les deux il n’y a pas de frontières
Tu avances ou tu fais marche arrière
Tu peux respecter ton adversaire
Tu peux aussi le frapper par derrière
Selon que tu sois dans l’ombre ou la lumière
La méchanceté peut paraître ordinaire
Tu donnes de la joie ou tu provoques la misère
Tu offres ton cœur ou tu deviens amer
Abandonner l’ombre accueillir la lumière
Sans regrets sans regarder derrière
JB 07/2015
QUETE CELTIQUE
Sur la falaise déchirée par l’océan
Au-delà de l’espace et au gré du temps
Je te chercherai dès le soleil levant
S’il le faut je braverai tous les éléments
Cathédrale de pierre défiant les cieux
J’atteindrai les nuages je défierai les Dieux
Je ferai honneur à tous mes aïeux
J’accomplirai ma quête tel un vœu pieu
La vie se rappelle en ces lieux magnifiques
C’est là que tous nos sens communiquent
Univers mystère où chaque instant est magique
Je viendrai honorer ton âme Celtique
Sur la lande battue par les vents fous
Nature sauvage qui effraie les vivants
Endroit idéal pour les derniers conscients
Je viendrai déposer un baiser sur ta joue
J’irai parler aux arbres sacrés
A Brocéliande je trouverai l’autel
Et lorsque Dieu nous aura mariés
Je combattrai les infidèles
JB
05/2015
LAISSONS
Du coin de l’œil je dévisage
Ma muse sur son nuage
Comme une traîne dans le sillage
Tout s’illumine à son passage
T’apercevoir derrière le voile
Te dessiner sur la toile
D’un coup de pinceau idéal
Atteindre ta beauté fatale
Et mon cerveau qui se connecte
A cette image qui se projette
Sur un écran noir dans ma tête
Lance mon esprit dans cette quête
A bout de souffle je te respire
Je foule le sol de notre avenir
Sur la pointe des pieds me tenir
Pour mieux voir notre amour grandir
Laissons les discours aux politiques
Oublions les tristesses pathétiques
Laissons les exploits aux héroïques
Oublions les records symboliques
JB